Ceci est la transcription de l’interview que j’ai réalisé avec Laurette Druaud
Bonjour et bienvenue sur la chaîne des Entrepreneurs Animaliers. Aujourd’hui nous sommes à Marcilly, dans le nord de La Rochelle, en Charente-Maritime. J’ai rendez-vous avec Laurette qui élève des autruches dans sa ferme pédagogique.
Tristan : Merci Laurette de nous avoir reçu ici, alors est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu qui vous êtes, et qu’est-ce qu’on fait ici.
Laurette : Alors moi j’ai démarré il y a 21 ans, je suis revenue travailler sur l’exploitation de mon papa. Je m’appelle Laurette Druaud, je fais un élevage d’autruche avec une ouverture au public, donc je fais visiter mon élevage. Ici on peut visiter et on peut voir les autruches. Mais aussi toute une petite ferme pédagogique qui est autour avec d’autres animaux.
Pourquoi le choix d’élever des autruches en ferme pédagogique ?
J’étais une jeune fille, comme beaucoup passionnée par les animaux. Franchement je le suis toujours. Je monte beaucoup à cheval, j’ai mon galop 7, et je voulais ouvrir la ferme vers le contact. J’aimais beaucoup le contact avec les clients, je ne me voyais pas dans mon fond de ferme, toute la journée. J’ai souhaité revenir sur l’exploitation de mon papa en ayant du contact. C’était le plus important quand j’ai démarré : le contact et les animaux.
Alors, les chevaux, il y avait déjà des gens autour de chez nous qui se lançaient. Beaucoup de pensions pour chevaux. J’avais des copains qui avaient monté des clubs hippiques, alors j’en suis arrivé à une diversification. Je suis arrivé au bison, parce qu’en fait j’ai fait l’équitation à l’américaine, forcément on a fait une saison sous tipi, on allait chercher les bisons dans les plaines du Far West. Je voulais faire ça, sauf qu’à un bison ça pèse une tonne, ça fait un petit tous les 2 ans, et puis ça mange ! Qu’est-ce que j’allais en faire après ? ça allait être gros, il fallait les tuer, il fallait les manger ? Toute cette partie me plaisait mais je ne voyais pas comment le réaliser. Alors j’en suis arrivé à l’autruche parce qu’il y a 20 ans il y avait trois productions qui émergeaient : le kangourou, le bison et l’autruche. Je voulais garder cette notion de production : je ne voulais pas montrer un pseudo-musée, c’est ça qui me touchait aussi
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Une ferme de production et d’élevage d’autruches, avant d’être une ferme pédagogique
Et bien, c’est vrai que moi c’est une chose qui me tenait à cœur, de génération en génération (ma grand-mère). La ferme a évolué : aujourd’hui la ferme pédagogique est en développement tous les ans. Elle est même en train de battre largement la partie céréales au niveau financier. On sait bien ce que c’est que les problèmes de production en ce moment. Je voulais montrer que ce qu’on faisait ce n’était pas non plus avoir deux lapins et trois canards, c’était pas une vraie ferme pour moi ! Dans le mot “ferme pédagogique” il y a le mot “ferme” : il fallait montrer à quoi ça servait dans la vraie vie.
Comment se déroule une journée type ici à la ferme pédagogique » L’autruche de Laurette » ?
Tous les matins ici, c’est 8h ! 8h30 au plus tard, le dimanche ! C’est pas trop tôt, mais je fais 8h/8h tous les jours. Il faut s’entendre à faire des heures quand on est tout seul, ou alors il faut être à plusieurs, s’associer, s’entendre, arriver à fractionner des choses… Moi je voulais tout garder : la partie production et la partie élevage. Le matin, c’est les animaux, ça c’est la priorité et ça le sera toujours, parce que quand on se réveille le matin, on ouvre les portes on va voir s’ils vont bien. On voit si ils sont malades, s’ils ont pris un coup de froid ce matin, ça c’est d’abord la priorité, les animaux. Ensuite on ouvre à 10h à la ferme en général. J’ai développé pour avoir du monde à m’aider un peu à l’entretien, et ensuite on va à l’accueil pour ouvrir, mettre propre mettre en route, ouvrir au public la ferme pédagogique.
Et moi j’ai encore une heure où je re-contrôle, on va ramasser les oeufs, j’ai les autruchons qui naissent… Je passe une heure encore derrière à la ferme. Il y a une fille qui restera plus à la boutique, à la vente, à la salle pédagogique, pour qu’elle soit propre, la réglementation d’hygiène à faire… Mais moi je retourne 1h derrière.
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Comment se déroule une visite pédagogique avec les enfants ici ?
On propose à la journée ou à la demi-journée. Aujourd’hui, on n’est pas capable d’accueillir les enfants la nuit. Ou les adultes d’ailleurs. Enfin, on a des gîtes à la ferme !
Pour la pédagogie, on leur propose de 10h à midi, donc 2h pour les animations. On leur propose en général 1h réservée à la partie oiseaux : les autruches c’est quand même le plus gros oiseau du monde, l’oeuf c’est un mythe ; puis 1h sur les animaux de la ferme : on voit, on compare avec les animaux de la basse-cour, forcément puisqu’on a des poules, des dindons, des faisans, on vire un peu sur le gibier qui se trouve chez nous. Ensuite on a aussi vache, poney, que des animaux de ferme (on a un lama), mais sinon ce ne sont que les animaux de ferme de chez. Je ne suis pas parti encore dans une dans des animaux trop exceptionnels.
Quand on a des écoles, des centres aérés qui viennent, on leur propose un atelier d’une heure en plus en général. Ils font un atelier soit sur la fabrication du pain, parce qu’on est d’abord agriculteurs céréaliers. C’est une partie plus difficile à voir parce que c’est plus loin. On emmène moins les enfants jusqu’au champ, donc on fait 1h d’atelier fabrication du pain. On fait aussi des ateliers mosaïque, avec les coquilles, des collages ou encore “sur la trace des animaux”. C’est plus une chasse aux trésors, pour voir les animaux de ferme.
Donc ça c’est “l’escape ferme” ?
Non ! l’escape ferme, c’est encore autre chose… C’est une histoire d’une stagiaire qui est venue travailler à la ferme. “On nous a volé une chèvre et une poule”. C’est une histoire et on a fait 2 pièces fermées, on renferme les gens dans les salles avec des cadenas, et il faut qu’ils puissent sortir. C’est chronométré, il faut qu’ils puissent sortir le plus tôt possible, en général ça dure une demi-heure / une heure 1h30, ça dépend… ça s’adresse plutôt aux plus grands : 10-15 ans.
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L’autruche est un animal qui ne fait pas partie de la liste des animaux domestiques. Quelles contraintes avez vous eu pour avoir les autorisations de les détenir, et de le présenter au public ?
On a monté un dossier, il fallait valider un stage (ça peut durer 2 ans), moi j’avais fait 6 mois de stage parce qu’à l’époque, pour s’installer en tant que jeune agriculteur, il y avait un stage de 6 mois à faire. Ensuite il faut une autorisation, on a monté un dossier, mais je pense que pour les jeunes c’est plus difficile, il faut que vous vous accrochiez ! Que vous soyez bien formés et que vous puissiez vous entourer de gens pour vous aider à monter ce genre de dossier… Il faut le monter, trouver de l’expérience… On a fait une demande à la préfecture, on a obtenu une autorisation préfectorale pour pouvoir montrer au public [nos animaux].
Vous avez eu une visite d’experts pour voir les installations ?
Oui, ça c’est la DDPP qui vient contrôler, de façon à voir si on est bien dans les normes, dans le respect des enclos, des barrières de sécurité… Il faut quand même bien prévoir, et le faire en amont, parce que normalement ils doivent venir prendre des photos de l’endroit où on va le faire avant, et ensuite il faut monter le dossier, et ensuite ils viennent après pour voir si on a bien réalisé ce que l’on avait proposé.
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L’huile d’autruches : j’ai vu ça en rentrant dans la boutique de la ferme pédagogique, qu’est-ce que c’est ?
Nous on n’est pas un élevage intensif, on a quand même des animaux qui ont besoin d’espace, c’est pour ça qu’on est sortis un peu des cadres battus, et qu’on a fait un élevage d’autruches. Donc l’huile, c’est de la graisse. C’est les fameuses omega 3 6 7, c’est un peu comme l’huile de foie de morue qu’on utilisait autrefois, c’est bon pour les cicatrices, ça peut être bien pour la peau… Et c’était Cléopâtre qui prenait des bains au lait d’ânesse, et qui utilisait la graisse parce que ça cicatrise bien, c’est anti-rides, pour les eczémas… On fait des cosmétiques avec l’huile.
L’autruche de Laurette, c’est le nom de la ferme, et elle est labellisée sous le nom “Bienvenue à la ferme”, qui fait partie de tout un réseau en France. Comment est-ce que vous avez fait pour intégrer ce réseau, et qu’est-ce que ça vous apporte ?
J’ai démarré sur une exploitation déjà existante, qui était celle de mon père. Il n’avait pas du tout d’ouverture au public, mais lui était connu comme agriculteur à la Chambre d’Agriculture ; et Bienvenue à la ferme c’est LA marque nationale de référence pour nous aider, nous soutenir, du coup on a commencé par Bienvenue à la ferme. On le percevait pas du tout comme un boulot qu’on ferait à temps plein ! C’était une diversification “pour les femmes d’exploitants, qui voulaient ramener un petit revenu supplémentaire” [à leur mari], donc ça a quand même bien évolué ! Bienvenue à la ferme, c’est connu au niveau national, ça dépend des départements. A l’époque, on avait une inspection qui passait par Bienvenue à la ferme, pour nous labelliser “ferme pédagogique”, “ferme de découverte”, “produit à la ferme”, et en tout cas les petites fleurs qui sont partout, sur toute la France, ça permettait pour le client lambda d’être rassuré.
Tristan FERRE,
Consultant, coach et fondateur de la formation «Je lance mon projet animalier : médiation animale et fermes pédagogiques»
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