Cette semaine, nous vous proposons d’explorer tous les secrets d’un bon facilitateur de la relation au vivant : pédagogue par la nature, éducateur à l’environnement, guide, animateur.
Imaginez-vous un instant transporté dans le temps. Nous sommes dans une salle de classe tout droit sortie des années 50.
Le décor ? Des bancs alignés, un tableau noir poussiéreux, et un maitre au visage sévère tenant à la main une règle en bois, prête à frapper pour la moindre distraction. Voici le théâtre de notre histoire d’aujourd’hui, où nous explorons une méthode d’enseignement que beaucoup considèrent comme désuète.
Et pourtant nous avons au programme du jour un sujet qui réveillera les passions de nombre d’entre nous : la découverte du règne animal.
Un sujet passionnant, emprisonné dans une approche traditionnelle, à l’ancienne
Le maître commence la journée en énumérant les différentes familles du règne animal. Il inscrit des noms compliqués au tableau : Arthropodes, Mammifères, Amphibiens… Chaque mot est un bataillon de lettres qui semble défiler devant les yeux ébahis des enfants.
Des images décolorées d’un lion, d’une grenouille et d’un papillon sont accrochées au-dessus du tableau, tentatives maladroites de donner vie à ces concepts abstraits.
Les enfants sont invités à apprendre ces listes par cœur, à réciter des noms et des caractéristiques qu’ils peinent à imaginer. L’interaction est unidirectionnelle : le savoir descend du maître (c’est lui qui sait !) vers les élèves (eux ne savent pas…), sans que ces derniers ne soient encouragés à questionner, explorer ou connecter ces informations à leur propre expérience du monde.
Que pensez-vous qu’il se passe dans l’esprit des enfants ?
Alors qu’ils récitent mécaniquement ces informations, leur esprit pourrait être en train de vagabonder. La capacité d’émerveillement si naturelle chez l’enfant se trouve bridée par cette approche rigide.
L’apprentissage devient une tâche plutôt qu’une exploration.
Tout ce savoir accumulé n’a pas de sens pour eux.
» Qu’est-ce que cela change pour moi, dans ma vie, mon quotidien ? «
La nature comme salle de classe ?
Imaginons maintenant que, au lieu de rester confinés entre quatre murs, nous décidions de sortir et d’utiliser la nature comme une salle de classe vivante. Supposons que le même enseignant emmène les enfants au zoo local pour une sortie éducative.
Sur le papier, c’est une excellente idée !
Au lieu de simples images, les enfants peuvent voir de vrais animaux. Ils entendent les sons de la nature, respirent l’air frais, et voient les animaux se déplacer dans leurs environnements reconstitués.
Une sortie au zoo, mais…
Cependant, même dans ce cadre plus dynamique, l’approche de notre enseignant reste figée dans le passé. Il marche devant le groupe, s’arrêtant devant chaque enclos pour déclamer une liste de faits : le nom de l’animal, son habitat naturel, son régime alimentaire.
Les enfants suivent, carnets en main, notant les informations sans vraiment observer les comportements des animaux, sans s’interroger sur leur interaction avec leur environnement ou les autres espèces.
Les limites d’une vision descendante de l’enseignement
Cette méthode montre clairement les limites d’une vision descendante de l’enseignement où l’apprentissage est centralisé sur le maître.
Les enfants sont réduits à des réceptacles passifs de savoir, sans être véritablement engagés ni actifs dans leur apprentissage. Cela contraste fortement avec les méthodes pédagogiques modernes qui favorisent la curiosité, la découverte active et un rapport vivant et personnel avec le sujet d’étude.
Cela vous parait évident, voir impensable à notre époque ?
Et pourtant je suis sûr que vous avez déjà vécu une visite guidée ennuyeuse à mourir ! Vous avez un vague souvenir d’un guide qui n’arrête pas de parler, et pourtant vous n’avez pas retenu grand chose. Eh oui, c’est encore possible aujourd’hui…
Découvrez aussi notre article « Animateur nature, un métier aux multiples facettes… »
Le triangle pédagogique de Jean Houssaye
Pour illustrer ce point, je voudrais partager avec vous le triangle pédagogique de Jean Houssaye. La théorie de ce pédagogue nous dit qu’un enseignement efficace doit équilibrer trois éléments : l’enseignant, l’apprenant, et le savoir. Dans notre exemple de la pédagogie dite « traditionnelle », le sommet de l’enseignant domine outrageusement les deux autres, laissant peu de place à l’apprenant pour être acteur de son apprentissage.
Vous et moi, nous avons fait une erreur dès le départ…
Ce n’est donc pas la salle de classe qui pose problème, mais le type d’enseignement. Centré sur le maître et sur le savoir, on en oublie l’apprenant. Notre premier apprentissage sera donc que tout bon facilitateur, dans sa relation pédagogique, doit privilégier l’apprenant au savoir.
Cela peut paraitre contre-intuitif car on a l’impression que le but premier est la transmission de savoir. Explorons alors comment transformer radicalement notre approche pour mettre l’apprenant au cœur du processus éducatif, en utilisant des techniques modernes qui réveillent véritablement la passion et la curiosité des jeunes esprits. Mais cela, je vous en parlerai demain !
Tristan FERRE, fondateur des Entrepreneurs Animaliers.
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