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Les limites du statut d’auto-entrepreneur

Le statut d’auto-entrepreneur, porteur d’une simplicité séduisante et d’une flexibilité incontestée, continue de captiver l’attention des aspirants entrepreneurs. Par sa nature aisée à mettre en place, il s’agit d’un choix de plus en plus plébiscité pour lancer une aventure entrepreneuriale. Cependant, il ne faut pas se laisser berner par cette apparente facilité. Derrière la façade des avantages se cachent des aspects qui peuvent influencer le succès et la durabilité de ce statut.

Avantages du statut d’auto-entrepreneur

J’avais vraiment envie de parler de ce sujet. C’est le statut privilégié des porteurs de projet pour différentes raisons. Et vous avez tout à fait raison de vous y intéresser. C’est un statut juridique qui est très simple à activer : il suffit de remplir un petit formulaire en ligne et ça y est. On a un numéro de Siret et on a une autoentreprise !

Il est plutôt simple d'activer le statut d'auto-entrepreneur en quelques clics sur un formulaire en ligne on obtient un numéro de Siret

C’est aussi un statut qui est économique : entre 11 et 22 % de cotisations sociales sur le chiffre d’affaires. En comparaison avec d’autres statuts tels que les sociétés anonymes, les SAS ou les SARL, ce montant n’est pas très élevé. Donc, c’est réellement un des très gros avantages.

Ce statut n’est pas non plus très risqué. Si un jour vous décidez d’arrêter, vous pouvez facilement radier votre auto-entreprise. Vous n’aurez pas forcément de grosses complications. Un autre avantage est que vous êtes taxés au variable. Ce qui signifie que vous éviterez généralement les surprises fiscales avec ce statut.

Limites du statut d’auto-entrepreneur

Et pourtant, c’est un statut qui n’est pas toujours adapté. On choisit souvent ce dernier sans réflexion, simplement parce que « tout le monde le fait ». Et bien non, ça ne fonctionne pas comme ça ! Je vais vous donner quelques cas dans lesquels le statut d’auto-entrepreneur ne convient pas.

Cas 1 : Un projet solitaire pour l’auto-entrepreneur

Ce statut convient aux porteurs de projets solitaires, mais pas à ceux qui veulent s’associer. En tant qu’auto-entrepreneur, vous ne pouvez pas « partager » une entreprise, ce statut est lié à une seule personne physique. Donc on ne peut pas s’associer à 2, en famille, avec quelqu’un qui nous apporte du capital par exemple, etc.

Les auto-entrepreneurs doivent mener leur barque seul, ce statut ne permet pas d'avoir des associés


A savoir : les entreprises prospères d’aujourd’hui sont généralement dirigées par plusieurs personnes, créant une résilience collective. Pour les auto-entrepreneurs, cela pose une vraie difficulté, car ils ne peuvent pas avoir d’associés.

Le projet solitaire est l’essence même du statut d’auto-entreprise : cela peut comporter des risques à ne pas négliger.

Cas 2 : Protection sociale limitée

En tant que travailleur non salarié (TNS), vous vivrez avec une protection sociale minimale. Les auto-entrepreneurs ne cotisent pas au chômage, donc pas d’allocations en cas de perte d’activité. En tant que gérant de leur entreprise, ils ne peuvent pas se licencier, ainsi pas d’allocations en cas de difficultés.

Le statut de travailleur non salarié rend difficile d’obtenir la confiance de certains partenaires, comme les banques. L’absence de fiches de paie régulières et de stabilité de l’emploi peut entraîner des difficultés pour obtenir des prêts ou des découverts… C’est important de le prendre en compte.

C’est un statut qui est très pratique, mais qui n’est pas le préféré des banquiers.

Cas 3 : Plafonnement du chiffre d’affaires

Le troisième critère est le plafonnement du chiffre d’affaires. Alors, vous allez me dire : «  le plafond de chiffre d’affaires c’est 72 000 et quelques euros ». Vous avez largement le temps avec 72 000 euros de chiffre d’affaires de changer de statut, de faire autre chose, et 72 000 euros quand on est un indépendant, libéral, c’est quand même assez confortable. Je suis d’accord. Par contre, ce qu’on oublie de dire c’est que le plafond, il est à 34 000 euros sur la franchise de TVA.

Je parle un petit peu chinois pour certains ? En gros, quand on a un statut d’auto-entrepreneur, jusqu’à 34 000 euros, on a le droit de ne pas facturer la TVA. On ne récupère pas la TVA non plus, mais on ne la facture pas. C’est un gros avantage pour vos clients parce que ça fait 20 % de moins à payer pour le client comparativement à d’autres entreprises.

Mais dès que vous franchissez les 34 400 euros de chiffres d’affaires, vous pouvez garder votre statut d’autoentreprise mais vous devez revenir au régime de TVA. Et ça veut dire que le jour où vous dépassez ce chiffre d’affaires là, vous allez devoir appeler tous vos clients et leur dire : « écoutez, à partir de maintenant, ça va vous coûter 20 % de plus ». Alors, vous allez avoir des clients qui s’en ficheront parce qu’eux ils récupèrent la TVA, donc pas de soucis. Mais d’autres clients qui sont des particuliers, des associations ou d’autres entreprises qui ne sont pas assujettis à la TVA vont subir ça de plein fouet.

La seule option que vous avez c’est soit de répercuter sur vos clients, soit de le répercuter sur votre marge, et 20 % de marge en moins, ça fait mal.

Cas 4 : Pas de déduction de charges pour le statut d’auto-entrepreneur

Le plus gros inconvénient de ce statut, c’est le fait qu’on vous taxe sur 100 % du chiffre d’affaires, sans déduction de charge.

Avec le statut d'auto-entrepreneur, vous êtes taxé sur votre chiffre d'affaires et non sur vos bénéfices

Je vais vous donner un exemple peut-être assez extrême, mais qui va vous parler.

Admettons sur un mois que vous faites 5 000 euros de chiffres d’affaires et vous avez 3 000 euros de charges fixes. Les 3 000 euros de charges fixes, c’est l’alimentation de vos animaux, le remboursement de votre prêt, les installations qui ont été assez chères. Tous les mois, vous avez 3 000 euros de charges fixes pour 5 000 euros de chiffres d’affaires. La logique en entreprise voudrait qu’on soit taxé sur simplement ce qui reste à la fin, c’est-à-dire les 2 000 euros de marge. Mais dans ce statut, le calcul de vos cotisations se basera sur les 5 000 euros de chiffres d’affaires.

Alors, si le taux de prélèvement qui est de 22 %, sur 5 000 euros ça vous fait déjà 1 100 euros de cotisation que vous allez donner à l’URSSAF. 1 100 euros plus les 3 000 euros de vos charges fixes, ça nous fait 4 100. Il vous reste à la fin, sur vos 5 000 euros de chiffres d’affaires, 900 euros pour vous. Et on n’a pas encore parlé de l’impôt sur les revenus.

C’est un cas extrême que je vous donne, j’ai pris un cas dans lequel il y a de très grosses charges fixes. Vous n’êtes certainement pas dans ce niveau là. Vous avez peut-être simplement 500 ou 1 000 euros de charges fixes. Souvent le statut auto-entrepreneur reste intéressant. C’est à vous de bien faire attention à ce calcul : calculer une taxe sur une assiette très large, parfois ça coûte cher.

Cas 5 : Frais de déplacement pour les libéraux itinérants

Dernier inconvénient, mais pas des moindres quand même sur le statut d’auto-entrepreneur. C’est le fait que si vous êtes un(e) libéral itinérant(e), vous avez sûrement de très gros frais de déplacement. Au moment où je fais cette vidéo, on est en pleine inflation. Les frais de déplacement explosent ! Ce sont des choses que vous allez avoir probablement envie de répercuter sur vos factures, sur vos clients. Sauf que si vous le répercutez, vous devrez les considérer comme du chiffre d’affaires taxable.

Donc, ça va être un peu un cercle vicieux. Plus vous facturez les frais de déplacement, plus vous payerez de taxes et vice-versa.

De ce fait, c’est un peu embêtant. C’est un peu le principe du : si c’est facturé alors c’est cotisé. Si vous faites une facture sur quoi que ce soit (même si ce sont des frais que vous avez vraiment eus et que vous ne voulez que refacturer, sans aucune marge), ce chiffre d’affaires sera taxable.

Trouver l’équilibre entre avantages et contraintes

Une fois qu’on a dit ça, globalement ça reste quand même un très bon statut pour les personnes qui sont des personnes en démarrage de projet qui veulent découvrir un petit peu le monde de l’entrepreneuriat sans prendre beaucoup de risques. C’est intéressant quand on a plutôt un projet qui fonctionne sur des charges variables, pas sur de très grosses charges fixes, avec très peu de gros investissements.

Il faut trouver le bon équilibre entre les avantages et les contraintes du statut d'auto-entrepreneur

Donc, typiquement, le libéral qui a besoin de sa petite mallette et de sa voiture, ça va bien fonctionner. La personne qui veut créer une grosse ferme pédagogique avec beaucoup de frais de structure, ça ne va pas fonctionner.

Ce statut est bon pour démarrer, pour tâtonner et chercher un équilibre. Mais il peut être nécessaire de changer de statut juridique par la suite.

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