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La reconversion dans la médiation animale : comment surmonter le complexe de légitimité ? (EPISODE 2)

Une reconversion n’est jamais la plus paisible des aventures. Il faut en effet franchir de nombreuses étapes avant de pouvoir profiter pleinement de séances de qualité, en toute quiétude, dans un agenda aussi plein que rassurant. Quand on se reconvertit dans la médiation animale, le complexe de légitimité est l’une de ces étapes désagréables à traverser. Quelques épreuves à surmonter, qui toutefois semblent valoir absolument la peine, à en croire l’optimisme écrasant (et réjouissant !) que j’ai pu rencontrer avec celles que j’avais appelé les « reconverties ».

Retrouvons Camille et Cindy, toutes deux intervenantes en médiation par l’animal. La première exerce en Normandie dans l’association « De Patte en Main » qu’elle a créé. La seconde s’inscrit dans un projet de couple, « Piam-Piam » dans les Ardennes.

Vous avez manqué l’épisode 1 ? Retrouvez-le ici.

Victoria, quant-à-elle, termine sa première saison en tant que médiatrice canine en Île-de-France. Ancienne assistante RH, elle a décidé de faire équipe avec sa chienne Music, Berger des Shetland, à la suite d’une période difficile qu’elles ont surmonté ensemble.

Victoria, reconvertie à la médiation animale avec l'aide de sa chienne Music
Victoria et sa chienne Music

Le complexe de légitimité et de confiance en soi en médiation animale, ou pourquoi le premier combat d’une personne en reconversion est contre soi-même ?

Lorsque j’ai décidé de m’intéresser à la vie de nos trois témoins, je m’étais préparé quelques questions préconçues. Sur leur reconversion, sur la médiation animale en général… Et puis finalement nous avons pu aller bien plus loin dans nos échanges : elles m’ont ouvert les portes de leur histoire. Des histoires toutes très fortes, très profondes, que j’ai plaisir à vous partager.

« J’aurais aimé me faire plus confiance »

Et quand on creuse, on trouve, n’est-ce pas ? J’avoue, je m’attendais à en entendre parler, mais de là à en faire carton plein ! Je parle du complexe de légitimité, et du manque de confiance en soi. Il est principalement dû à un phénomène de comparaison vis-à-vis des personnes du médico-social, qui composent la deuxième face d’une même pièce en médiation animale. Des petits blocages qui sont probablement les premiers gros obstacles de toute personne en reconversion.

Camille, intervenante en médiation animale à « De Patte en main »

« J’aurais aimé me faire plus confiance », m’a alors confessé Camille. « Il y a un an, je ne me sentais pas assez qualifiée, professionnelle, légitime, parce que j’étais de celles qui font une reconversion professionnelle ».

« Garde confiance, ça va aller »

Des propos que Victoria complète alors « Si je pouvais revenir en arrière et me donner un conseil, je me dirais ‘garde confiance, ça va aller’. Il y a beaucoup de doute au début». Et tout comme Cindy, Victoria termine alors « J’avais besoin de légitimité ».

Bien sûr il y a les formations : les diplômantes, les certifiantes, les attestantes ou tout ce que vous voulez en « ___ante ». Croyez-moi je m’y connais en formation, mais la légitimité est le fruit d’un cocktail bien plus complexe. Une formation en médiation animale vous apporte le bagage théorique (et pratique pour certaines) nécessaire pour démarrer. Mais la légitimité, c’est surtout dans la tête. Elle augmente un peu au fil des séances, mais tout dépend de votre capacité à vous faire confiance, et de véhiculer cette confiance auprès de vos clients.

« On n’est pas obligé de venir du médico-social pour faire de la médiation par l’animal […] »

Se faire connaitre est le meilleur moyen de gagner sa légitimité (image de Cindy - Piam Piam)
Se faire connaitre est le meilleur moyen de gagner sa légitimité (image de Cindy – Piam Piam)

La légitimité doit être imposée auprès d’un client potentiel. Et pas à tâtons, allez-y franco ! Si vous faites votre métier dans les règles de l’art, en toute bienveillance, en gardant votre place, tout ira bien. Pour Cindy, c’est une question de recherche continue d’amélioration : « C’est vrai que la formation que j’ai fait ne m’a pas tout apporté sur la connaissance des pathologies et les formes de handicap. J’avais besoin de comprendre le langage du médico-social. Je continue à me former et à me documenter. Cela me permet de créer des activités toujours plus adaptées à mes différents publics ».

« […] tant qu’on est professionnel et impliqué dans sa démarche »

Des propos validés par Camille, qui affirme qu’« on n’est pas obligé.e de venir du médico-social pour faire de la médiation par l’animal […] tant qu’on est professionnel.le et impliqué.e dans sa démarche. Qu’on vienne du commerce, de l’esthétique ou de l’animalerie, on peut devenir médiatrice (ou médiateur, ndlr)»

La légitimité en médiation animale, c'est aussi imposer sa "patte", son style avec professionnalisme. Camille (De Patte en Main) en montre un bel exemple.
La légitimité, c’est aussi imposer sa « patte », son style avec professionnalisme. Camille (De Patte en Main) en montre un bel exemple.

Pour Victoria, ne pas venir du monde médico-social est même une force. « En séance, je demande toujours la présence d’un personnel de l’institution. Leur rôle est de connaitre leurs résidents, le mien c’est de connaitre ma chienne et de proposer une activité qui corresponde aux besoins de la personne, et qui ne soit pas désagréable pour ma chienne […] Je ne remplace en aucun cas une personne de l’établissement. Chacun sa place, je n’empiète pas sur ses plates-bandes ».

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Un passage obligé mais éphémère

Rassurez-vous, chers lecteurs et lectrices qui envisagez, vous aussi, une reconversion en médiation animale, car si le complexe de légitimité est un passage quasiment obligé, il s’estompe dès les premiers résultats positifs des séances. Il suffit de quelques bons moments pour vous regonfler à bloc, et plus rien ne vous arrête. « Aujourd’hui, je crois tellement en ce que je propose, que je n’ai plus aucun problème à me défendre face à une institution qui veut négocier mes prestations », précise d’ailleurs Victoria, notre médiatrice canine dans le sud de Paris. De quoi vous convaincre une bonne fois pour toutes que dévaloriser vos tarifs ne sert ni vous, ni la profession.

Très bientôt une vidéo sur le sujet !

Alors, si vous aussi vous traversez cette période délicate du complexe en légitimité, ou si vous manquez de confiance en vous, posez-vous ces trois questions très simples :

– Avez-vous suivi, a minima, une formation courte et un stage pratique en situation réelle ?
– Avez-vous une approche professionnelle et bienveillante, c’est-à-dire des méthodes adaptées à vos publics, sans risques sanitaires et sécuritaires ?
– Vous sentez-vous à l’aise tant avec vos animaux qu’avec des personnes en situation de vulnérabilité ?

Si oui, alors vous avez toute légitimité à exercer le métier d’animateur ou d’animatrice en médiation animale.

Médiation animale : foncez, ayez confiance !

Comment lancer sa démarche entrepreneuriale ? Pourquoi choisir un statut plutôt qu’un autre ? Comment remplir son planning et vivre décemment de son métier ? Comment s’est déroulée la première année d’exercice de nos trois super témoins ? Bons moments, succès en séance, astuces, objets fétiches, perspectives d’avenir, vous découvrirez tout dans la suite de ma série sur la reconversion en médiation animale.

Tristan FERRE
Consultant, coach et fondateur de la formation «Je lance mon projet animalier : médiation animale et fermes pédagogiques»

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Cet article a 5 commentaires

  1. Amirault

    Bonjour. Après ma formation je me suis installée en auto entrepreneur pour proposer des séances de médiation par l’animal, cela fait presque un an déjà et pourtant je viens d’un milieu professionnel qui n’a rien à voir ! À l’origine je suis graphiste, et je viens du monde des agences de pub et de la communication des institutions publiques…!!
    Je rejoins d’autant plus votre article et me sents tout à fait concernée ! Mais si ça peut en rassurer certain(e)s, aujourd’hui je choisis mes « clients » et je suis encore plus convaincue et satisfaite de mon choix de reconversion. Je suis aussi une reconvertie !

  2. lola

    Merci pour ce très bel article encourageant et votre témoignage à la suite. Avez-vous suivi une formation au préalable ? Et si oui, avec quel organisme ?
    Merci par avance pour votre réponse et conseils
    Une lectrice inspirée ?

    1. tristanferre

      Bonjour Lola,
      Merci pour ce petit mot qui nous donne envie de poursuivre notre travail =)
      Mon parcours est très spécifique car j’ai suivi des formations un peu partout. Je retiens principalement l’accompagnement des Z’herbes folles (Pontoise) qui m’a beaucoup appris, mais c’est surtout le terrain qui a fait ce que je suis aujourd’hui…
      Si vous êtes à la recherche d’une formation, faites un petit tour sur https://entrepreneurs-animaliers.fr/les-formations-des-entrepreneurs-animaliers
      Au plaisir lola

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