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Profitons de la covid-19 pour mettre fin aux zoonoses en ferme pédagogique.

La pandémie de covid-19 (virus SARS-Cov-2), zoonose apparue en Chine, puis propagée dans tout le globe dès Janvier 2020, a mis à jour une réalité pourtant pas récente. C’est en s’approchant de la faune que nous risquons le plus d’en contracter les maladies. Mais comment faire quand mon activité est basée sur la relation homme-animal (ex : ferme pédagogique, médiation animale…) ?

D’après une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale, 60% des maladies infectieuses humaines sont d’origine zoonotiques. Les zoonoses sont des maladies ou infections qui se transmettent des animaux vertébrés à l’homme, et vice versa. Les fermes pédagogiques et autres activités présentant des animaux au public sont donc pleinement concernées par les risques de zoonoses. 

En tant que chef(fe) d’établissement, c’est donc dans une logique de protection des animaux ET des humains qui les côtoient, que la prévention des zoonoses doit être votre première préoccupation. Voici quelques pistes d’actions pour vous parer à toute éventualité, en 4 étapes. Nous proposerons également un certain nombre de ressources, pour finir sur un point spécial covid-19 en ferme pédagogique.

Etape 1 : identifier les risques de zoonoses, TOUS les risques !

La première étape avant tout action, c’est de connaitre vos animaux et des risques zoonotiques qui incombent à chaque espèce. Vous devez identifier tous les risques potentiels, leur degré de gravité, et le niveau de risque de contamination. 

Cela passe évidemment, d’abord, par une connaissance des espèces que vous élevez en captivé :

  • Les chats et les chiens, vous avez normalement suivi une formation CCAD ou ACACED, et vous connaissez les différentes zoonoses propres à ces deux espèces. 
  • Les petits animaux, les « NAC », quelques bons ouvrages sont nécessaires pour connaitre les maladies qu’ils peuvent transmettre, et s’en prémunir efficacement. 
  • Pour les animaux de ferme, de rente, il est impératif d’avoir déclaré votre cheptel, d’avoir un vétérinaire sanitaire, et d’avoir élaboré un diagnostic préalable avec lui.

« Rappelons que toutes les zoonoses ne sont pas la covid-19 : certaines sont mortelles, d’autres sont simplement « très embêtantes ». Si vous avez déjà attrapé la teigne ou la gale, vous savez de quoi je parle ! »

Info : le Ministère de l’Agriculture propose des fiches zoonoses ici <<

Recenser les espèces à risques dans votre ferme pédagogique !

Mais identifier les risques liés à vos animaux NE SUFFIT PAS ! Car une ferme pédagogique évolue dans un environnement, et n’est pas sous cloche. Au quotidien, vous et vos animaux croisez et interagissez avec la faune sauvage. Ainsi, il est impératif, par observation (et curiosité) de recenser les espèces qui vivent à proximité : insectes, herbivores, carnivores, oiseaux, etc.

source : https://www.oie.int/fr/pour-les-medias/une-seule-sante/

Quelques exemples :

  • les insectes sont porteurs de maladies (Lyme pour la tique, Ebola pour le moustique…)
  • prolifération de rats liés à des réserves de nourriture trop accessibles
  • d’autres apporteront des parasites ou encore des maladies infectieuses (coucou le Pangolin, même si on n’en a pas en Europe…)
  • les oiseaux sauvages peuvent transmettre la grippe aviaire à vos volailles, etc.

Une fois que vous avez identifié les animaux et les zoonoses qu’ils risquent de contracter / de transmettre, dressez une liste des modes de transmission possible. Enfin, par application concrète, identifiez les moments de contact « critiques » où une contamination est possible.

Pour rappel, le terme de « prophylaxie » ne désigne pas seulement les vaccins et vermifuges prévus pour chaque animal, mais c’est une notion plus large désignant le protocole exhaustif qui vous permet de minimiser les risques. Le vétérinaire sanitaire vous aidera à la mettre en place.

Etape 2 : Contre les zoonoses, Sécuriser, Encadrer, Baliser, Informer

Vous avez donc identifié (et documenté !) les risques zoonotiques dans votre ferme pédagogique, ou dans votre activité mettant en relation l’homme et l’animal. Il est maintenant temps de mettre en place TOUS LES MOYENS pour éviter une contamination.

/!\ ce point ne vous concerne certainement pas car vous êtes déjà conscient des enjeux, mais pour les moins avertis, voici une brève liste de conséquences possibles liées à l’émergence d’une zoonose dans votre établissement (hors Covid-19) :

– plainte possible par une famille pour cause de contamination

– risque de maladie grave et/ou très handicapante, voir invalidante ou de décès, pour vous, votre personnel et pour vos publics

– risque de fermeture administrative de votre établissement


– votre cheptel risque d’être euthanasié en cas de contamination (grippe aviaire notamment)- risque pour votre réputation et votre fréquentation

Bref, il est essentiel de sécuriser et de baliser vos parcours de visite, vos activités, et d’encadrer ce que chacun a le droit de faire ou de ne pas faire.

Cela passera en premier lieu par l’information et la sensibilisation. N’y allez pas à minima : informez par écrit, dès l’entrée, ET à l’oral en rappelez les bons gestes. Pendant tout le parcours du visiteur, rappelez les gestes, les règles et sensibilisez sur le « pourquoi », sinon vous risquez d’infantiliser ! Enfin, et surtout : montrez l’exemple.

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Rédiger un protocole sanitaire !

Pour ne jamais avoir à improviser, rédigez votre protocole sanitaire. Mettez sur le papier vos procédures, pour chaque moment de la journée. Que ce soit pour les moments avec les publics, ou pours les temps de soin et de gestion de l’établissement, il doit y avoir une routine sanitaire.

En second lieu, mais tout aussi important : vous devez proposer des installations adaptées, régulièrement nettoyées et désinfectées, sécurisées et sécurisantes. Si une zone est interdite d’accès, il faut baliser, et empêcher l’accès. Si une zone est accessible mais à risque. Proposez un point d’eau ou de lavage des mains, et rappelez les règles à proximité de la zone. En complément, bien sûr sécurisez les animaux (volières anti-intrusion pour les volailles, grillage, etc.).

L’hygiène et la sécurité sont l’affaire de tous. Formez et responsabilisez toutes les parties prenantes :vos salariés et bénévoles éventuels, mais aussi les accompagnateurs de vos bénéficiaires (qui parfois oublient un peu de montrer l’exemple).

Retrouvez ici de nombreux liens utiles et recommandations sur les zoonoses.

Etape 3 : suivi sanitaire des animaux et isolement des cas à risque (ou avérés) de zoonoses

On le répète, dans le cadre de l’exercice d’une activité professionnelle associant des animaux, il est indispensable d’avoir désigné (et de faire venir régulièrement) un vétérinaire sanitaire pour votre établissement. Au-delà de cette question, une observation du quotidien est essentielle.

  • Commencer toutes ses journées par un tour du propriétaire, pour vérifier l’état général de chaque animal
  • Repérer et isoler les animaux malades (diarrhées, lésions, parasites, fatigués, dans un état anormal) et si nécessaire prévenez votre vétérinaire
  • Surveillez les femelles gestantes, allaitantes, ou celles ayant avorté récemment

Aucun animal malade ou supposément malade ne doit être en contact avec un visiteur ou un bénévole ! Enfin, la pire des réactions en cas de suspicion d’un risque de zoonose (pire, d’un risque épidémique) est de ne pas en faire part à son vétérinaire. Si vous n’êtes pas convaincu(e), référez-vous à l’encadré ci-dessus.

Etape 4 : Rester à l’affut de la règlementation et des évolutions sanitaires

Certaines périodes sont plus propices que d’autres à la propagation de zoonoses. La belle saison voit des populations d’insectes se multiplier, les naissances affluent et rendent les animaux plus vulnérables, et la fréquentation de votre site augmente. 

S’il est essentiel de connaitre la réglementation en vigueur pour chaque espèce (à vous de jouer !), vous devez aussi rester alerte des évolutions. Les épisodes de grippe aviaire, par exemple, surviennent de temps en temps, et la législation peut alors être renforcée.

L’organisation mondiale de la Santé Animale pour aller plus loin.

Si vos animaux sont déclarés (identifiés auprès des autorités sanitaires), vous devriez être informé directement, mais restez à l’écoute : par exemple, vous pouvez vous abonner au Bulletin Epidémiologique ici : https://be.anses.fr/fr/newsletter/subscribe ou consulter le site de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale : https://www.oie.int/fr/ 

Encadré : Les animaux peuvent-ils être infectés par le SARS-CoV-2 ?

Réponse de l’OIE :

« Maintenant que les cas d’infection par le SARS-CoV-2 sont largement répandus dans la population humaine, il est possible que certaines espèces animales soient infectées par contact étroit avec des humains infectés. L’infection d’animaux par le SARS-CoV-2 est susceptible d’avoir des conséquences sur la santé humaine et animale, le bien-être des animaux, sur la conservation de la faune sauvage, ainsi que sur la recherche biomédicale.

Des chats (chats domestiques et félins), des visons et des chiens ont été infectés par le SARS-CoV-2, suite à un contact avec des personnes dont on sait ou dont on soupçonne ou qu’elles ont été infectées par le SARS-CoV-2. Sur le terrain, des chats ont présenté des signes cliniques de la maladie, notamment des signes respiratoires et gastro-intestinaux. L’infection par le SARS-CoV-2 chez les visons d’élevage a été caractérisée par une maladie respiratoire et un taux de mortalité accru.

Bien que plusieurs espèces animales aient été infectées par le SARS-CoV-2, ces infections ne sont pas un moteur de la pandémie de COVID-19 ; la pandémie est due à la transmission d’humain à humain. »

Lire tout l’article ici https://www.oie.int/fr/expertise-scientifique/informations-specifiques-et-recommandations/questions-et-reponses-sur-le-nouveau-coronavirus2019/ 

 

Plus de ressources : 

 

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