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La médiation sociale centrée sur l’animal

Cet article est une retranscription audio, le langage utilisé peut différer d’un article habituel.

La première chose qui doit vous venir à l’esprit quand je parle de médiation sociale centrée sur l’animal, c’est : « ça y est, il a encore sorti une nouvelle appellation pour dire la même chose ».

Vous connaissez déjà certainement le terme de médiation animale, de médiation par l’animal, de zoothérapie… Tout le monde y va de sa petite terminologie. Et vous vous dites : « Tristan, il est encore en train de me rajouter un terme pour dire la même chose ».

Mais vous allez voir que je ne parle pas du tout de la même chose. Je ne parle pas d’une branche de la médiation animale. Je ne parle pas d’une spécificité de la médiation animale. Mais d’une pratique qui n’est peut-être pas l’opposé, mais en tout cas, qui vit dans un autre monde. Qui vit dans un autre objectif que la médiation animale. C’est la médiation sociale centrée sur l’animal.

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Qu’est-ce que la médiation animale et la médiation sociale centrée sur l’animal ?

Pour vous expliquer ça, je vais d’abord vous faire une définition de ce qu’est la médiation animale. En tout cas, ma définition, et on va voir comment est-ce qu’on peut la distinguer de cette médiation sociale. Je vais vous expliquer les similitudes. Je vais vous expliquer les différences avec des exemples très concrets. Vous allez voir que cela a un intérêt d’en parler même à travers ce blog. Et vous avez dû remarquer que je parle souvent de pédagogie, de médiation animale. Je ne vous ai jamais parlé de ce sujet. Pourtant, il a un intérêt dans les pratiques que vous êtes amenés à réaliser en tant qu’intervenant en médiation animale.

Définition de la médiation animale

Alors, un rappel de ce qu’est la médiation animale.

Je vous ai fait une définition très large, qui va permettre d’englober tout un tas de pratiques et d’objectifs différents.

Ma définition, ça pourrait être un ensemble de pratiques et de techniques associant un intervenant professionnel. C’est-à-dire, vous ou quelqu’un qui veut se lancer, et son animal ou ses animaux, donc une brigade d’animaux visant à apporter quelque chose à un individu humain.

Alors c’est un peu large. Vous allez me dire quelque chose à un individu humain, qu’est-ce que c’est ?

Ça peut être du bien-être, ça peut être des effets thérapeutiques, ça peut être quelque chose d’occupationnel, de pédagogique, d’éducatif… Et puis, dans le bien-être, on peut détailler, évidemment, mais vous connaissez déjà les biens faits de la médiation animale auprès des personnes fragilisées, en situation de handicap, ayant des troubles ou des difficultés dans leur vie. Donc, c’est bien de ça dont on parle ici : la médiation animale.

Tout ce que je viens de dire là, c’est une approche qui est centrée sur l’humain. On a des sécurités pour s’assurer du bien-être de l’animal, mais le cœur de l’existence de la médiation animale est centré sur l’humain. C’est quelque chose qui a pour objectif d’apporter quelque chose à un être humain.

Définition de la médiation sociale centrée sur l’humain

Eh bien la médiation sociale centrée sur l’animal, c’est tout autre chose. C’est presque l’inverse, l’opposé.

J’imagine que ce n’est pas forcément simple à comprendre au premier abord. C’est un ensemble de pratiques et de techniques associant des humains qui ne sont pas les bénéficiaires finaux. Ces humains ont la garde, ou ont une influence sur des animaux qui sont vulnérables. On va avoir un ensemble de pratiques et de méthodes qui vont être portées sur l’intérêt de l’animal.

Vous allez avoir des détails juste après et des exemples pour mieux comprendre.

Quels sont les similitudes de ces deux pratiques ?

La première similitude, c’est une relation triadique.

La relation triadique

C’est une relation triangulaire entre plusieurs protagonistes. Il y a toujours un professionnel, vous ou quelqu’un d’autre qui a des compétences de médiation. Donc une personne qui a des compétences de création de liens et des compétences humaines… Mais également qui maîtrise les connaissances fondamentales sur les animaux.

On a toujours un être humain dans cette relation triangulaire au-delà de l’intervenant. Cet humain-là, c’est quelqu’un qui pourrait être propriétaire, gardien d’un animal, ou alors qu’il aurait un animal dans son jardin dont il n’est pas forcément le gardien officiel, le propriétaire, mais qui a une influence sur cet animal.

Et puis, on va avoir dans cette relation un animal. Sauf que cet animal, comparativement à la médiation animale, ce n’est pas votre animal. C’est un animal que vous ne connaissez pas forcément, que vous n’avez pas préparé dans le cadre d’une séance. C’est l’animal le bénéficiaire de la séance, ou en tout cas de l’activité que vous allez créer, puisqu’on ne va pas forcément toujours parler de séance d’ailleurs dans ce cadre-là.

La première similitude entre la médiation sociale et la médiation animale, c'est une relation triadique.

L’autre similitude, c’est que le corpus de connaissance qui est le même.

Le corpus de connaissances

Vous avez, en tant que professionnel, besoin de connaître un certain nombre d’éléments sur la psychologie humaine, sur la manière dont fonctionne l’être humain Parfois, si vous êtes face à des personnes elles-mêmes fragiles, vous avez les mêmes connaissances que si vous faisiez de la médiation animale. Parce que vous êtes en face de quelqu’un qui est peut-être du quatrième âge, qui a peut-être un certain nombre de handicaps, qui a peut-être certaines pathologies, qui sont à prendre en compte dans votre approche.

Donc, on a un corpus sur l’humain. On a un corpus sur l’animal, évidemment, pour bien connaître les besoins des espèces que vous allez cibler. Et puis, on a également cette approche sur les techniques de médiation.

Maintenant, il y a les différences, et c’est ça le plus important.

Quelles sont les différences entre la médiation animale et la médiation sociale ?

Les différences, c’est que c’est centré sur l’animal.

Vous en avez un petit peu marre d’entendre du blabla, de la théorie. Je vous donne des exemples très concrets pour bien comprendre l’explication sur la médiation sociale.

Le premier exemple, c’est de la médiation qui serait auprès de personnes qui vivent dans la rue, mais dans le but de s’assurer du bien-être des animaux qui vivent avec ces personnes. Ça, c’est un métier qui existe. Il y a des brigades, des personnes qui font ça comme métier. Elles vont créer du lien avec des personnes qui sont très précaires, qui vivent dans la rue et qui font du lien social. L’objectif, ça n’est pas forcément de s’occuper de ces personnes-là. Mais plutôt de s’occuper des animaux, de s’assurer que les animaux ont bien accès aux soins, ont bien accès à l’alimentation, bien accès à des choses de première nécessité, les vermifuges, etc.

La médiation sociale auprès des personnes qui vivent dans la rue

Donc, on va s’occuper des êtres humains parce que de toute façon, pour pouvoir rentrer en contact avec l’animal qui est possédé par quelqu’un qui vit dans la rue, vous êtes obligé de passer par l’être humain. De ce fait, vous allez créer un lien fort avec l’être humain, mais votre objectif, c’est l’animal derrière.

Dans cet exemple, on voit bien que ça n’a plus rien avoir avec la médiation qui était : l’animal est à vous, vous le connaissez par cœur… Là, on change complètement d’univers.

Et ça peut se passer dans plein d’univers différents. Vous pouvez faire de la médiation sociale à travers des personnes qui sont en situation de dépendance vis-à-vis de drogue, qui sont toxicomanes, par exemple, des personnes qui sont violentes et qui pourraient mettre en danger la vie de l’animal, des personnes qui ont aussi des maladies, qui sont parfois invalidantes et qui font que des personnes de très bonne foi petit à petit ne peuvent plus s’occuper de leurs animaux.

Ces associations-là, en général, leur objectif, c’est que les animaux puissent rester avec leur gardien le plus longtemps possible. Elles estiment que le maintien dans ce cadre familial est préférable à un abandon en SPA quand il n’y a plus d’autres solutions.

Par exemple, quelqu’un qui doit aller faire une cure de désintoxication, qui a commis un délit et qui doit aller en prison. Que fait-on de l’animal ? Est-ce qu’on l’abandonne définitivement ? Est-ce qu’on le met dans un refuge et qu’on le fait adopter par une autre famille ? Ou est-ce qu’on le garde temporairement le temps que la personne sorte pour pouvoir récupérer son animal après.

Donc, c’est de la médiation sociale centrée sur l’animal.

J’ai découvert une association dans la région du Mans, qui s’appelle l’Alliance Sociale Animale et qui fait ça très bien. Ils sont des professionnels de la médiation sociale centrée sur l’animal. Ils ne l’appellent pas de cette manière, ça, c’est mon appellation. Mais c’est une association qui a vraiment un regard complètement novateur et très intéressant sur la manière dont on peut s’occuper des animaux qui vivent auprès de personnes précaires.

Donc ça, c’est quelque chose que j’aime beaucoup.

Mon deuxième exemple, je vous en ai déjà parlé plusieurs fois, j’ai même fait une interview avec elle. C’est l’exemple de Carine avec son association : le Clos des Renardises. Elle vise à redorer l’image du renard et de sauver des renards qui ne pourraient pas survivre tout seul dans la nature. Mais l’association fait également ce qu’elle appelle de ses propres mots de la médiation renard.

La médiation sociale sur le sujet du renard avec l'association le Clos des Renardises

La médiation renard, ce n’est pas de la médiation animale avec un renard. Vous n’avez pas l’intervenante qui vient avec ses renards pour faire des séances de bien-être avec des personnes. Pas du tout. Ça traite des problématiques de personnes qui ont des problèmes chez eux avec des renards et qui pourraient être tentées de les attaquer, de les abattre, de leur faire du mal, ou en tout cas de les faire fuir, etc.

Et l’association va s’emparer de ces sujets-là pour créer du lien avec les personnes directement concernées. Cela va permettre d’essayer de trouver des solutions, qui soient acceptables, dans l’intérêt de l’animal évidemment.

Je trouve que c’est intéressant et pour moi, ça fait partie du même corpus de métier. On a des professionnels qui ont des compétences de médiation qu’ils vont mettre au service d’une cause : la défense de l’animal. Mais elles ont la conviction, et elles ont raison de le faire, que pour pouvoir défendre l’animal, il ne faut pas le faire contre les personnes qui sont directement concernées, mais en créant du lien avec les bénéficiaires.

D’un côté, par exemple, des éleveurs et des agriculteurs, qui ont des soucis avec des animaux qu’ils vont considérer comme nuisibles. Et puis, de l’autre côté, dans le premier exemple, des personnes qui pourraient être forcées, contraintes à abandonner leurs animaux faute de solution. Et ce n’est pas toujours dans l’intérêt de l’animal de les abandonner. Donc, elles vont trouver des solutions.

Alors, ce sont des métiers qui n’ont effectivement, en tout cas sur le papier, plus rien avoir avec la médiation animale. Et pourtant moi, j’y ai trouvé un intérêt fort d’associations avec des personnes qui interviennent en médiation animale.

Quel est l’intérêt de la médiation sociale pour la médiation animale ?

Ça pourrait être un très bon complément à votre activité et à avoir un effet drastique sur le bien-être de vos animaux. Il y a toujours une contradiction, ou en tout cas, une problématique quand on fait de la médiation animale itinérante, c’est qu’on a forcément un nombre d’animaux qui est limité, alors limité plus ou moins pour certaines personnes. Certaines personnes vont exercer avec un seul chien et quelques petits animaux, certaines personnes vont avoir une vraie brigade d’animaux.

La création de votre brigade d’animaux

La réalité, c’est que si vous respectez le bien-être de vos animaux, vous ne pouvez pas les emmener 50 fois en séance dans la journée. Vous ne pouvez pas demander à votre chien de travailler 7 h par jour. C’est absolument impossible et je pense que vous en êtes forcément conscient. Mais vous êtes quand même confrontés au besoin de vivre de votre métier, multiplier le nombre d’interventions, pour pouvoir vivre.

Grâce à la médiation sociale, il est possible de créer une brigade d'animaux pour faire de la médiation animale

Et quand on est limité avec un certain nombre d’animaux, je pense aux personnes qui vivent en appartement et qui me disent tous les jours : « je suis bien conscient de ce problème-là, mais je ne peux pas me permettre d’avoir un deuxième ou un troisième chien. Je ne peux pas me permettre d’avoir plein d’animaux chez moi parce que je veux faire ce métier-là, mais je n’ai pas forcément du foncier pour avoir tous ces animaux-là, c’est compliqué ».

La médiation sociale centrée sur l’animal pourrait être une pratique intéressante pour vous. Vous maîtrisez déjà tout le corpus des connaissances et des compétences. Vous avez déjà les compétences humaines et les compétences liées à l’animal.

À la différence, quand vous ne connaissez pas l’animal en question, il y a des précautions, des moyens de prévention. Les normes et les règles de sécurité sont beaucoup plus drastiques quand vous faites de la médiation sociale. Vous êtes face à des chiens que vous ne connaissez pas ou à d’autres animaux que vous ne connaissez pas.

Néanmoins, le corpus de connaissances est souvent le même et vous avez déjà la connaissance des techniques de médiation et de mise en relation. Vous avez très certainement déjà le savoir-être, la bienveillance, l’écoute active, la capacité d’empathie. Toutes ces choses font que vous êtes déjà bien avancé dans un stade de compétences liées à cette médiation.

Je ne suis pas en train de vous dire que vous devez faire un 50/50 dans votre activité et que vous devez tout changer. Mais je trouve que c’est intéressant pour certain(e)s d’entre vous de réfléchir à l’idée d’aller chercher d’autres types de besoins, d’approches dans l’optique d’avoir quelques activités différentes, ce n’est absolument pas compliqué parce que vous n’avez pas besoin d’éléments supplémentaires, ou en tout cas pas beaucoup de choses.

L’envers de tout ça, c’est que je ne vous dis pas que c’est la même chose et que vous pouvez démarrer du jour au lendemain et sans apprendre aucune compétence. Si je reprends simplement l’exemple de l’Alliance Sociale Animale, ils ont des compétences qui n’existent quasiment nulle part ailleurs, sauf peut-être dans quelques SPA, quelques refuges qui vont faire ce cheminement d’aller vers des personnes. Mais c’est quand même un métier qui est dur, qui nécessite des compétences humaines et de résistance au stress parce qu’on peut être dans des situations compliquées.

Voilà, il faut un certain nombre de compétences. Il faut certainement se former. J’imagine qu’un jour des formations et des modules d’immersion existeront pour pouvoir se former à ça.

Vous pouvez aussi contacter des travailleurs sociaux, etc., pour pouvoir vous former un peu sur le tas. Mais ça peut être intéressant pour vous. Ça peut soulager vos animaux. Ça peut vous permettre d’avoir une activité diversifiée, un petit peu différente.

Une mission de service public

Ce qui m’a poussé à vous dire ça également, c’est qu’on est sur une question de santé publique. Si on reparle, par exemple, des personnes qui refusent d’aller se faire soigner, d’aller se faire opérer à l’hôpital parce qu’elles n’ont pas de solution pour garder leurs animaux à la maison, vous avez une vraie mission de service public quand vous faites ça.

Personnes qui refusent d’aller se faire soigner, d’aller se faire opérer à l’hôpital parce qu’elles n’ont pas de solution pour garder leurs animaux à la maison

Et qui dit mission de service public, dit qu’il y a des institutions publiques qui sont prêtes à vous rémunérer pour faire ça. Vous avez les ARS, Agences Régionales de Santé, vous avez d’autres institutions publiques qui pourraient être amenées à travailler, à collaborer avec vous dans ce cadre-là. Vous pourriez même travailler avec des travailleurs sociaux, avec des bailleurs sociaux.

Ce sont quelques préconisations, et je ne fais que semer les petites graines. Après vous, voyez comment vous voulez les faire germer.

Merci d’avoir lu cet article, et à bientôt !
Tristan FERREentrepreneur passionné
Fondateur des Entrepreneurs Animaliers

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Cet article a 2 commentaires

    1. Maxine LAFON

      Bonjour, Nous sommes ravis que vous ayez apprécié notre article ! Quel aspect de l’article vous a le plus intéressé ou intrigué ? Nous serions ravis d’en discuter davantage avec vous ou de répondre à toute question que vous pourriez avoir à ce sujet.

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