You are currently viewing Ces animaux que les parcs animaliers et fermes pédagogiques délaissent souvent…

Ces animaux que les parcs animaliers et fermes pédagogiques délaissent souvent…

Dans cette série, nous nous posons la question de « comment faire la différence » dès la conception de votre projet. Poursuivons notre analyse des fermes pédagogiques, parcs animaliers et parcs thématiques.

Aujourd’hui je voudrais m’intéresser à certaines espèces d’animaux accessibles à ces petites structures et qui sont pourtant souvent délaissées.

Le péché originel : la comparaison parcs animaliers / zoo

Ces petites entreprises familiales n’ont souvent rien à voir avec un zoo : elles sont bien plus petites, n’ont pas du tout le même objectif pédagogique et ont leur propre référentiel de valeurs. Elles proposent une expérience et une aventure différente. Elles individualisent souvent les parcours :

  • visite guidée ou commentée
  • ateliers
  • accueil de groupes
  • privatisations
  • proximité avec les animaux, etc.

C’est pourtant avec les zoos qu’elles sont le plus comparées. A juste titre, puisque tous deux présentent des animaux au public. Oui, on compare des choux et des carottes, mais « le client a toujours raison » : il est impossible d’interdire à un visiteur d’esquisser une telle comparaison. En conséquence, la ferme pédagogique est comparée en termes de prestations et sur :

  • la durée du parcours : 4 heures à une journée pour un zoo, une à deux heures en général pour une ferme pédagogique
  • le prix : 3 à 10 euros pour les petits établissements, jusqu’à 30 euros pour les grands zoos.
  • les services accessoires : boutiques, toilettes, jeux, stationnement

Pour rappel, dans un recensement datant de 2007, on dénombrait un peu plus de 1400 fermes pédagogiques en France[1]. A titre de comparaison, l’Afdpz (Association Française des Parcs Zoologiques) ne comporte qu’une centaine de membres.[2]

La comparaison zoo / parcs animaliers à l’origine d’un complexe

Si la question du rapport temps de visite / prix est souvent au désavantage des parcs animaliers, c’est surtout la question de la diversité des animaux présentés qui pose problème. Certains parcs animaliers s’en sortent parfaitement avec une offre tout à fait classique (basse-cour, bovins, caprins, ovins, équins, etc.) et parviennent à l’expliquer à leur public. Elles parviennent même à en faire une force et à sublimer leur petite équipe animale par leur créativité pédagogique.

Mais pour d’autres porteurs de projets, cette comparaison est une souffrance. Elle est la source d’un complexe difficile à effacer.

Commentaires de visiteurs de ferme pédagogique

Le problème de cette comparaison (outre qu’elle ne devrait pas vraiment exister) réside dans les marges de manœuvre des parcs animaliers dans le choix de leurs animaux.

Quand les parcs zoologiques disposent généralement d’un personnel capacitaire (détenant un certificat de capacité pour chaque espèce présentée), les parcs animaliers sont généralement limitées à une liste d’espèces domestiques. Cette liste est fixée par un décret ministériel du 11 août 2006 fixant la liste des espèces, races ou variétés d’animaux domestiques. Parmi ces espèces, on trouve traditionnellement les poules, quelques canards, les lapins, cochons d’inde, volailles, animaux et ferme, chiens et chats.

Décret du 11/08/2006 : un champ des possibles insuffisamment exploré

Bien-sûr, il est inutile voir dangereux pour une ferme pédagogique de s’aventurer dans une course à l’exotisme et à la profusion. Mais il est possible, sans qu’il ne s’agisse d’une certaine surenchère, de présenter en ferme pédagogique des espèces que le public ne s’attendra pas à trouver. Voici 5 espèces que je trouve intéressantes, remises dans un contexte pédagogique.

1.    Faire le tour du monde grâce aux camélidés

Par camélidés, on entend : dromadaire, chameau, lama et alpaga.

Oui ! Ces animaux font partie des espèces domestiques. Ils peuvent composer le cheptel de fermes pédagogiques sans certificat de capacité autre que l’ACACED (voir article ACACED).

Et ces animaux présentent un réel intérêt pédagogique ! En effet, ils permettent de voyager à travers le monde, car aucune de ces espèces n’est européenne :

  • Les lamas et les alpagas sont originaires de la cordillère des Andes, qui longe toute la façade Pacifique de l’Amérique du Sud ; il est assez facile d’en trouver en France, notamment (malheureusement) à cause des abandons. Ils ont d’ailleurs toute leur place en médiation animale.
  • Les dromadaires sont originaires d’Afrique du Nord et sont une source d’exotisme et de légendes infinies. De plus en plus de cirques arrêtent les spectacles avec animaux et il est possible de leur donner une seconde vie.
  • Les chameaux sont originaires d’Asie et présentent eux aussi un réel intérêt pédagogique. Ils vivent au contact des humains depuis presque toujours.

2.    Emerveiller grâce aux différentes races de Paon.

Différentes ? Oui, car il existe plusieurs races de paon, toutes aussi magnifiques les unes que les autres. Le Paon est d’ailleurs l’emblème nationale de la Birmanie, un très bon choix n’est-ce pas ?

Parmi les paons domestiques, on trouve :

  • le paon blanc ;
  • le paon panaché ou pie ;
  • le paon nigripenne ;
  • la variété blanche du paon spicifère.

Ces animaux sont d’ailleurs assez faciles à reproduire et peuvent déambuler en liberté s’ils sont habitués dès le plus jeune âge (et si vous n’avez pas une route nationale à proximité).

On veillera cependant à ne pas « craquer » pour des espèces qui ne sont pas domestiques, je pense aux cousins Africains des Paon d’Asie du Sud : les paons du Congo.

Photo de paon blanc

3.    L’Axolotl : pokémon ou extraterrestre ?

A la croisée des chemins entre un pokémon et un être venu d’ailleurs, l’Axolotl est un amphibien de la famille des Salamandres. Il vit dans un vivarium, en milieu semi-aquatique.

Il est très intéressant à observer, non pas qu’il soit très actif, mais parce que c’est une vraie curiosité de la nature. A l’état naturel, c’est une espèce classée depuis 2006 « en danger critique d’extinction » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature[3]. Le fait de présenter une telle espèce est donc très pertinente si vous souhaitez sensibiliser sur la disparition des espèces et faire le lien avec les amphibiens et salamandres de France en danger.

4.    Créer des légendes à travers le Renne d’Europe

Le Renne a un pouvoir qu’aucun autre animal ne peut égaler : il permet aux adultes de se remettre à croire en la magie du monde, le temps d’un instant. J’ai déjà visité des parcs qui présentait des rennes et c’est assez exceptionnel de voir les yeux des adultes briller autant que leurs enfants.

Les rennes d’Europe ont des besoins qui s’apparentent à nos cervidés français : herbe, écorces, feuilles, lichens. Ils trouveront donc leur place chez vous si vous avez une zone boisée et une belle prairie. Attention cependant, ce sont de gros animaux qui peuvent dépasser les 250 kg.

5.    Une volière immersive peuplée de perruches

Sans certificat de capacité, il ne vous est pas possible de présenter au public de grandes espèces de psittacidés, comme les perroquets Aras, Amazones, Cacatoès, Gris du Gabon, etc.

Qu’à cela ne tienne, la liste des espèces domestiques est très grande. Dotez-vous d’une grande volière immersive, dans laquelle des perruches de différentes espèces cohabitent et volent quasi librement. Avec un grand espace, vous pourrez même laisser entrer vos publics à l’intérieur.

Attention, certaines espèces ne cohabitent pas ensemble, renseignez-vous avant de constituer votre petite ménagerie. Je vous partage ici quelques préférences personnelles, mais référez-vous à la liste du décret pour vous faire votre propre idée :

  • Le kakariki à front rouge : pourquoi ? Parce que je n’en ai encore jamais vu en ferme pédagogique. Cette perruche se rapproche beaucoup du physique et du comportement des petits perroquets, ce qui plait à certains publics.
  • La perruche grande Alexandre : parce qu’elle est assez impressionnante
  • La perruche splendide : comme son nom l’indique…

Je préfère le répéter une seconde fois : il n’est pas utile d’entrer dans une course à l’exotisme. Le but n’est pas d’accumuler des espèces que vous ne saurez pas gérer, mais de vous poser la question d’une ou deux espèces qui vous différenciera des autres parcs. Un porteur de projet devrait toujours se demander quel est son positionnement en termes de choix des animaux : sanctuaire / animaux de refuge, espèces fermières uniquement, spécialisation dans une espèce, exotisme, miniature, etc. Voir notre article sur le choix des animaux.

Dans tous les cas évidemment, même pour les espèces les plus courantes, chaque adoption doit être le fruit d’une profonde réflexion :

  • Suis-je capable d’assumer ces animaux 365 jours par an, humainement, techniquement, financièrement ?
  • Mon lieu et mon organisation me permettent-ils de répondre à tous les critères de bien-être de cette espèce ?
  • Cette adoption apporte-t-elle une réelle valeur pédagogique à mon établissement ?

[1] https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Ferme-pedagogique-page-2.html

[2] https://afdpz.org/zoos-membres/

[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Axolotl

Merci d’avoir lu cet article, et à bientôt !
Tristan FERRE, entrepreneur passionné
Fondateur des Entrepreneurs Animaliers

Vous aussi, lancez-vous dans votre projet animalier avec notre programme gratuit de 7 jours pour découvrir le monde des fermes pédagogiques et de la médiation animale, par ici : https://entrepreneurs-animaliers.systeme.io/lancez-vous-dans-votre-projet-animalier

Laisser un commentaire