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Casser les codes du monde animal avec Viviane Bourgeon

PARTIE 1 : Qui êtes-vous ?

Tristan Ferré : Bonjour Viviane !

Viviane Bourgeon : Bonjour Tristan !

Tristan Ferré : Viviane Bourgeon, vous êtes ce qu’on pourrait dire une passionnée de tout ce qui est vivant, une vraie de vraie. Vous démarrez très jeune avec un bac pro de gestion des milieux naturel et de la faune. Vous avez continué avec un BTS gestion et protection de la nature. Vous faites de nombreux stages en ferme pédagogique et en médiation animale. Votre parcours a d’ailleurs croisé les Entrepreneurs Animaliers en 2020, et à la suite de votre formation, vous avez lancé votre projet « Vivi Animation ». Votre projet justement c’est à la fois des sorties nature, et de la médiation animale, dans un contexte un peu particulier puisque vous vivez avec un apiculteur. Votre fidèle compagnon est un furet et en plus il n’est pas rare de vous croiser en tenue médiéval lors de certains événements thématiques. Un sacré mélange un peu sucré-salé pour le moins inimitable. Alors habituellement Viviane, je demande toujours à mes invités s’ils sont contents de leur description, mais j’avais envie de vous poser une autre question. Viviane, est-ce que vous ne seriez pas la saltimbanque, le troubadour du monde animal ?

Viviane Bourgeon : On peut dire ça comme ça en effet !

Tristan Ferré : On aura l’occasion d’en reparler de ce côté un peu médiéval, qui me plaît beaucoup et qui peut un peu fasciner. On va remonter un petit peu à l’origine. Viviane, vous avez commencé avec un bac pro, je le disais tout à l’heure, gestion des milieux naturel et la faune, BTS gestion et protection de la nature. C’était quoi votre vocation à l’époque ?

Viviane Bourgeon : À l’époque, je me suis dirigée vers un bac pro pour une raison qui n’a pas vraiment avoir avec le côté professionnel, c’est juste que le général c’était assez compliqué pour moi parce que j’étais quelqu’un qui était très attirée par la nature, etc. et donc je me suis dirigée vers une troisième agricole, qui m’a amenée vers ce bac pro-là, qui me correspondait assez bien parce que ça parlait de nature, de faune sauvage, etc. à l’époque je ne savais pas exactement ce que je voulais faire, mais je savais que la nature et la faune sauvage m’intéressait.

Tristan Ferré : Parlons de la nature justement. J’ai l’impression dans votre parcours, petit à petit, vous avez fait plutôt le choix de la faune plutôt que de la flore ?

Viviane Bourgeon : Oui, tout à fait, j’ai toujours plus été attirée par tous ce qui est « animaux », que ce soit les domestiques ou les sauvages d’ailleurs. Les plantes sont quand même restées quelque chose que j’aime bien, mais ça va être pour des raisons médicinales, etc. que je vais m’y intéresser. Mais la faune, c’est toujours resté quelque chose que j’aime bien observer : les oiseaux, les insectes, toutes ces choses-là.

Tristan Ferré : Et oui les insectes et on en reparlera un tout petit peu après. Vous avez parlé d’une relation avec la faune sauvage, il y a des animaux en particulier qui vous intéressent ?

Viviane Bourgeon : J’ai toujours aimé les oiseaux notamment, j’en parlerai un peu plus tard, mais j’avais fait à la Ferme Pédagogique de Pontoise un petit sujet en ornithologie dans leur parc, mais j’ai toujours aimé l’ornithologie en général, même si j’aime bien les mammifères sauvages, etc. Les oiseaux, j’ai toujours aimé apprendre leurs chants.

Tristan Ferré : Donc vous savez reconnaître le chant des oiseaux ?

Viviane Bourgeon : À peu près oui. Ça s’est assez perdu un peu malheureusement parce que je n’ai pas trop pratiqué ces dernières années, mais je peux quand même reconnaître quelques oiseaux au plumage, au chant, ce genre de choses.

Tristan Ferré : Si on revient dans un monde plus domestique, mais qui pour un particulier lambda paraît quand même assez atypique, c’est l’apiculture. L’apiculture à l’origine, c’est plutôt le projet de votre conjoint. Mais quelle relation vous, vous avez avec les abeilles ?

Viviane Bourgeon : Alors moi les abeilles, j’ai toujours aimé ça de toute façon l’apiculture, j’ai toujours trouvé ça intéressant. Dans mon stage, que j’ai fait en bac pro à la ferme d’Ecancourt, j’avais fait un peu d’apiculture et j’avais trouvé ça super bien, j’ai toujours aimé ça. J’en avais refait aussi à la Ferme de Pontoise pendant que j’étais en BTS. Quand je me suis mise en couple avec mon compagnon, ça m’a paru évident de m’intéresser à son métier et du coup maintenant je suis aussi apicultrice avec lui.

Tristan Ferré : Du coup vous travaillez au quotidien dans les ruches ?

Viviane Bourgeon : Tout à fait, oui. Je suis plus sur la partie miellerie et animation, mais j’aime aussi aller dans les ruches, nourrir les ruches, m’occuper des abeilles, etc.

Tristan Ferré : Et vous proposez quoi comme type d’animation sur les ruches ?

Viviane Bourgeon : On fait des formations à l’apiculture pour toutes les personnes qui veulent s’y intéresser, veulent avoir une ruche, ce genre de choses. Les formations qui vont est en grande partie pratique parce que beaucoup de formations proposées sont que théoriques, nous, on apprend vraiment aux gens à ouvrir une ruche correctement, à vérifier si les abeilles vont bien, ce genre de choses qu’on ne voit pas forcément dans d’autres formations.

Tristan Ferré : D’accord et je me souviens effectivement c’est un sujet qui m’intéresse au plus haut point puisque que j’ai beau être un passionné des animaux, j’ai beau avoir côtoyé des animaux très gros, les abeilles font partie d’une phobie de toujours et ça fait très longtemps que je me dis que je vais faire un petit tour chez vous pour me désensibiliser, et on prendra rendez-vous dès que la situation sanitaire le permettra. Est-ce qu’on peut dire que les projets que vous menez, on va parler ensuite de vos projets, de ce que vous avez lancé, mais est-ce qu’on peut dire que c’est aussi une forme d’émancipation par rapport au projet de votre conjoint ?

Viviane Bourgeon : Oui on peut dire ça, tout à fait. C’est vrai que l’idée de lancer ma propre entreprise, je l’ai depuis quelques années, et le fait d’avoir travaillé avec mon conjoint, qui lui est autoentrepreneur, ça m’a donné vraiment envie de réaliser, mais je voulais attendre d’être prête.

Tristan Ferré : D’accord et donc là, c’est le moment.

Viviane Bourgeon : C’est ça, tout à fait. Bon je n’ai pas choisi la meilleure année mais bon !

Tristan Ferré : Effectivement ! Ce n’est pas une année très simple, mais quand ça va redémarrer, ça va redémarrer fort, ça va redémarrer bien, j’en suis sûr.

Tristan Ferré : Viviane, on va partir sur notre petite parenthèse « Enchantée », j’appelle ça la carte blanche et je crois que vous avez choisi quelque chose qui est une anecdote, une histoire vraie ?

Viviane Bourgeon : C’est tout à fait ça. C’est quand j’ai fait mon stage de BTS alors il faut savoir que c’est assez compliqué de trouver des stages dans le monde actuel maintenant quand on est jeune. À l’époque j’avais dix-huit ans, j’ai envoyé une quarantaine de demandes de stages. Je ne voulais pas forcément en refaire un en ferme pédagogique parce que j’en avais déjà fait un lors de mon bac pro, mais la seule entreprise, association pour le coup, qui m’a dit oui, c’est l’association « Les Z’Herbes Folles » de la ferme de Pontoise. Donc on a pris un petit rendez-vous avec Sophie Lamidey que vous connaissez. Donc ce jour-là j’ai rendez-vous avec elle à la ferme, on fait un petit tour de la ferme, elle me montre ses animaux, moi je suis enchantée, j’ai hâte de faire mon premier jour de stage et je lui dis : « Par contre, Sophie, j’ai une petite crainte, c’est que personnellement, j’ai très peur des personnes en situation de handicap qui crient, ce genre de choses. ». Et là, elle me regarde avec un grand sourire et elle fait : « Tu sais, tu vas en croiser quasiment tous les jours ici et tu vas finir par t’y faire. ». Elle avait totalement raison parce que finalement, à force de les côtoyer, d’apprendre à les connaître, etc., ma peur s’est totalement envolée maintenant j’apprécie même beaucoup ce public-là.

Tristan Ferré : C’est un beau témoignage et c’est vrai que je rejoins ce que vous dites, il ne faut pas avoir honte de dire qu’on a peur des personnes, du premier contact avec des personnes en situation de handicap, je suis très content de vous l’entendre dire. Ça ne fait pas de nous des personnes mauvaises, malintentionnées, on a le droit d’avoir peur de ce que l’on ne connaît pas, à partir du moment où on le verbalise. Vous avez fait exactement ce qu’il fallait faire, c’est que vous avez accepté de prendre sur vous, et de découvrir ces personnes-là. Une fois qu’on les a découvertes, on en tombe soit amoureux, soit en tout cas avec un grand intérêt. Et du coup ça se passe comment aujourd’hui vis-à-vis de ces personnes ?

Viviane Bourgeon : Maintenant, ça se passe beaucoup mieux, c’est comme vous dites, la peur au final elle s’envole, pour ma part en tout cas elle s’est envolée, parce que plus on connaît la raison de notre peur, moins au final on en a peur et c’est valable pour beaucoup de choses cette phrase. Ces personnes-là souvent sont incomprises parce qu’elles parlent différemment de nous, elles vont parler avec des cris, avec des regards, ce genre de choses. Nous, comme on ne s’adapte pas forcément à de situations inconnues, on a un petit peu de mal. Mais justement ces personnes-là vont nous apprendre à voir les choses différemment, à prendre le temps d’apprendre et d’observer. Maintenant j’aime beaucoup ces gens-là parce qu’ils sont très sensibles généralement.

Tristan Ferré : Parfait, merci Viviane pour ce beau témoignage.

Viviane Bourgeon : De rien.

Tristan Ferré : On va passer à notre rubrique entrepreneuriale et là on va pouvoir se faire plaisir, on va vraiment parler d’entreprenariat parce que c’est votre sujet du moment. Le premier sujet que je voulais voir avec vous c’est : je trouve que vous êtes quelqu’un d’assez proactive, et voir de prolifique en communication. On vous voit sur les réseaux sociaux, on vous voit sur YouTube, vous publiez des vidéos, vous n’avez pas peur de prendre la caméra et de vous montrer. Comment est-ce que vous avez pris ça à bras-le-corps, et quel impact ça a aujourd’hui sur votre communication ?

Viviane Bourgeon : Alors c’est un peu vous qui m’avez donnée l’envie de mettre un peu sur tous les réseaux sociaux. Je ne connaissais moi que Facebook personnellement et finalement je me suis mise aussi à YouTube, Instagram, j’ai même fini par créer un site internet, parce que maintenant c’est important tout ce qui est réseau sociaux et internet, c’est présent partout. On est obligé de travailler avec ça et finalement on y prend assez vite goût parce que ça a un côté assez sympa de montrer notre travail aux gens qui ne sont pas avec nous quotidien finalement.

Tristan Ferré : Est-ce que ça a impact justement, est-ce que les personnes qui vous suivent de manière virtuelle finissent par avoir envie de vous rencontrer de manière réelle ?

Viviane Bourgeon : Pour l’instant pour mon entreprise, pas encore, mais au niveau de l’apiculture, ça a pas mal marché. L’année dernière, j’ai fait pas mal de lives dans la miellerie pour montrer l’extraction du miel, comment ça se passait, on a eu énormément de retours très positifs de gens qui étaient ravis de voir ça, etc. Je ne peux pas encore le faire pour l’instant avec mon entreprise parce que déjà dans mes prés, ça ne capte pas, mais ça va se faire quand je vais commencer à faire des manifestations, etc.

Tristan Ferré : Effectivement, en ce moment on tourne en pleine pandémie, ça dépend à quel moment les personnes nous écoutent, mais en ce moment, ce n’est pas très simple de faire venir du monde. Vous êtes aussi en plus, très active sur la communication plutôt traditionnelle, vous faites des salons, vous faites des foires, on vous voit partout !

Viviane Bourgeon : Avec mon compagnon, on est médiévistes, donc on fait partie d’une association d’évocation viking et lui s’est spécialité de base dans la vente de ses produits sur des fêtes médiévales, et j’y ai très vite pris goût aussi parce que ça a un côté bon enfant. Les gens viennent là pour passer un bon moment, pour transmettre, et c’est vraiment super.

Tristan Ferré : C’est vraiment quelque chose de particulier effectivement, je découvre le mot « médiéviste ». Je ne connaissais pas ! Je savais ce que vous faisiez, mais je ne savais pas que ça avait un nom. Comment ça se passe ce type d’événement, parce qu’on vous voit parfois sur les réseaux justement avec votre furet, vous proposez des animations un peu atypiques est-ce que vous pouvez nous en parler ?

Viviane Bourgeon : Alors pour le moment avec les furets, je fais pas mal de démonstration au final parce que j’en ai deux. Souvent je les amène sur les médiévales parce que ça se complète bien, parce qu’il faut savoir que ce sont des animaux qui sont domestiqués depuis le cinquième siècle. Ça a de « nouveaux animaux de compagnie » que le nom, mais c’est assez sympa parce que les gens voient à peu près ce que c’est, mais ne voient pas que ça peut être un animal domestique, assez sympa au final, comme un chien ou un chat. J’aime beaucoup en parler en positif parce que beaucoup de gens ont des mauvaises expériences avec des furets de chasse qu’ils les ont mordus ou ce genre de choses. C’est vu très négativement, et apporter une note positive c’est sympa. Les gens se questionnent beaucoup, ça les attire beaucoup, c’est vraiment sympa.

Tristan Ferré : C’est super, et j’invite les personnes qui nous écoutent à faire un tour sur votre page Facebook, on mettra le lien dans la description et puis sur le site également et sur votre page on vous voit en tenue médiévale avec vos furets et puis avec votre compagnon, puisque vous présentez les différents produits de la miellerie, donc en plus dans une belle région qu’est la Normandie. Vous proposez des produits qui sont quand même assez intéressants. Finalement, est-ce qu’on peut dire que vous vous affranchissez un petit peu des codes classiques de la ferme pédagogique et de la médiation animale ?

Viviane Bourgeon : On peut dire ça dans un sens, parce que c’est vrai que moi mon idée de bas ce n’est vraiment pas de faire une grande ferme avec des visites, etc. moi, j’aime bien l’idée de me déplacer avec mes animaux dans les structures, et de proposer des animations en fête médiévale.

Tristan Ferré : Ça dépoussière un peu ce monde-là, si ce n’est que le traditionnel n’est pas une mauvaise chose non plus. Moi, j’aime beaucoup. J’essayais tout à l’heure de me demander ce que vous faisiez, on a toujours tendance à vouloir mettre les gens dans une case. J’en suis arriver à la conclusion que vous faites du Viviane. C’est plutôt pas mal. Quel conseil que vous pourriez donner justement a quelqu’un qui se cherche un petit peu, qui cherche à se donner une identité ?

Viviane Bourgeon : De tester je pense, de rencontrer des professionnels, moi je sais que j’ai rencontré plusieurs professionnels, les gens de la Ferme de Pontoise. C’est vraiment eux qui ont donné le goût de l’aide à la personne via la médiation animale, c’est vraiment là-bas que j’y ai pris goût et ça ne m’a jamais quitté cette envie d’aider les gens avec les animaux. Si je peux donner un conseil c’est vraiment de tester. Voilà, le médiéval intéresse, faites un tour en fête médiévale, parlez avec des gens qui sont passionnés, ça va vous donner l’idée de savoir si ça vous plaît ou pas, tout simplement.

Tristan Ferré : Ça restera un très bon conseil, pour le conseil de la fin. Est-ce que vous avez un dernier mot, un petit à petit message à adresser à ceux et celles qui nous écoutent ?

Viviane Bourgeon : Comme vous l’avez dit tout à l’heure, si vous vous demandez ce que je fais, allez faire un petit tour sur mon site internet, sur ma page Facebook, n’hésitez pas à faire un petit tour en Normandie, je me ferais une joie de vous accueillir, je propose quelque chose d’assez atypique, je propose des balades avec des chèvres et ou les moutons au lavoir de Triqueville, une petite balade, avec les animaux que j’ai éduqués spécialement pour ça.

Tristan Ferré : C’est effectivement assez atypique, on sera ravis de pouvoir voir ça avec les beaux jours et dès que la situation sanitaire nous offrira toutes ces opportunités. Merci beaucoup Viviane.

Viviane Bourgeon : Merci Tristan de m’avoir écoutée !

Tristan Ferré : À très bientôt.

Vous pouvez écouter cette retranscription écrite du podcast des Escapades Animalières sur ce lien → → J’écoute le podcast des Escapades Animalières

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